Le trauma vicariant, définition
Il se définit comme l’apparition « de changements profonds subis par le travailleur qui établit des rapports d’empathie avec les survivants de traumatismes et est exposé à leurs expériences ». Ces modifications concernent son cadre de référence interne, c’est-à-dire, ses valeurs, ses croyances et convictions sur le monde[1]. « Du fait qu’il est exposé à la réalité de la cruauté d’êtres humains envers d’autres êtres humains, le travailleur devient vulnérable, de par son empathie, aux effets émotionnels ». Ce type de traumatisme concerne principalement les métiers tels que les policiers, les pompiers, les infirmières etc…
Les symptômes
- Le travailleur développe les mêmes symptômes que les victimes qu’ils assistent, à savoir ceux du trouble de stress post-traumatique ;
- Des reviviscences : Souvenirs répétitifs et envahissants de l’événement, Cauchemars, Flashbacks, Détresse ou réactivité physiologique lors de l’exposition à des stimuli associés à l’événement traumatique ;
- Une hyper activation du système nerveux : Irritabilité ou excès de colère, Comportement imprudent ou autodestructeur, Hyper vigilance, Sursauts, Difficultés de concentration, Troubles du sommeil ;
- De l’évitement : Évitement des souvenirs, pensées et sentiments liés au trauma, Évitement des éléments (personnes, lieux, activités, objets, situations) rappelant le trauma ;
- Des altérations cognitives : Incapacité à se rappeler un aspect important de l’événement traumatique, Croyances négatives persistantes et exagérées au sujet de soi, des autres ou du monde;
- Des émotions négatives persistantes : peur, horreur, colère, culpabilité, honte, Diminution de l’intérêt pour les activités, Sentiment de détachement d’autrui, Restrictions des émotions positives ;
- Une souffrance cliniquement observable ainsi qu’une altération du fonctionnement dans différentes sphères de la vie (personnelle, professionnelle, sociale…
Les risques pour la santé et la qualité de vie des accompagnateurs :
- Dépression et/ou suicide
- Recours à des anxiolytiques : alcool, drogue, conduites à risques,
- Mise en danger ayant pour fonction une décharge émotionnelle voire une anesthésie : recours à la violence contre soi et contre les autres
- Impact sur l’entourage et repli sur soi
- Altération générale de la santé et augmentation des risques de développer des maladies liées au stress (troubles digestifs, fatigue, somatisations, douleurs…)
Comment prévenir l’apparition de ce trauma vicariant ?
- Maintenir un équilibre de vie (activités physiques, ressourçantes, de repos…) ;
- Identifier les manifestations de stress , la mise à distance émotionnelle peut conduire à nier la réalité et donc participer à la non-reconnaissance de la souffrance et ainsi entraver sa prise en charge
- Mettre en place des stratégies de gestion émotionnelle : apprentissage de techniques de relaxation/respiration, organisation de la charge de travail en prenant en compte un temps de récupération après les interventions stressantes, création d’un espace de supervision et de parole pour amortir les effets toxiques de la violence, diversification des tâches afin d’éviter l’accumulation et la surexposition aux situations difficiles…
Critique de l’usage du terme vicariant
Comme le terme résilience, le terme vicariant est issu d’une discipline éloignée de l’éthologie humaine. Il importe donc de prendre garde à une translation qui porterait un contresens.
- Se dit d’une espèce animale ou, plus souvent, végétale qui remplace une espèce voisine en occupant la même niche écologique.
- Se dit d’un organe qui supplée, par son propre fonctionnement, à l’insuffisance fonctionnelle d’un autre organe.
Or le traumatisme vicariant ne peut envahir la conscience de l’accompagnateur que s’il existe, au préalable, un trauma primaire que celui-ci n’aurait pas entièrement cautérisé. D’où la nécessité pour tout accompagnateur de se préparer avant de se lancer dans une mission humanitaire de soutien.
Comme tout trauma secondaire le vécu émotionnel d’un tiers peut affecter l’accompagnateur grâce à un facteur déclencheur, ce dernier mis en œuvre par un impact sensoriel.
Comme le souligne régulièrement A. Damasio, l’organisme humain tend à produire de la vie et à étendre son territoire d’exploration. S’il en est empêché c’est du fait de l’apparition d’un objet perturbateur au sein de ce territoire de vie. C’est par le système sensoriel que l’organisme développe une réaction de défense, pour rétablir son équilibre – principe de l’homéostasie.