Le but de tout organisme est de se maintenir en vie et de faire en sorte que le territoire de vie préserve les constantes favorables à cette vie.
L’organisme humain quoique supposé au sommet de l’évolution n’échappe pas à cette règle fondamentale.
L’homéostasie désigne l’ensemble des mécanismes physiologiques qui sont indispensable au maintien de l’équilibre interne d’un organisme. Ce système de régulation est totalement automatisé, autonome et coordonné.
De nombreuses recherches ont tenté de comprendre les grands principes qui régissent l’inter-relation qui existe entre les systèmes endocrinien, immunitaire et nerveux. Malheureusement ces recherches sont restées dominées par la représentation classique de séparation du corps et de l’esprit. La notion d’organisme intégré comme A. Damasio le propose échappe aux neurosciences et aux sciences cognitives. C’est ainsi qu’il est fait peu de cas de la relation qui existe entre les organes des sens et les émotions. Or les émotions font partie intégrante de l’homéostasie. (Cf. Article : Le corps est intelligent)
Elles sont à la source de toute forme d’action et d’invention. A. Damasio a montré que « l’émotion fait partie intégrante des procédures de raisonnement et de décision ». (Le sentiment même de soi, Odile Jacob, 2002, p. 58)
Plus encore, l’existence, la production, le contenu des rêves sont totalement absents des discussions sur l’Esprit et le cerveau. Tout juste explore-t-on les rêves et le sommeil pour mieux comprendre l’activité électrique du cerveau durant les phases de rêves. Pourtant quelques praticiens comme Deirdre Barrett, Caroline Wilkinson et nous-même avons montré que le contenu même du rêve dévoile certaines des conditions favorables à l’homéostasie.
Durant le processus d’enkystation du traumatisme, durant cette phase active autant que silencieuse et redoutable les rêves nous racontent comment l’organisme réagit et quels mécanismes sont à l’œuvre pour tenter de maintenir un équilibre stable.
De même avons-nous remarqué que durant une thérapie, le contenu des rêves suit pas à pas l’évolution de celle-ci et il est synchrone de l’émergence d’émotions qui conduisent à des changements de comportements et d’attitude, lesquels signent les débuts d’une guérison. (Encore faut-il s’entendre sur ce terme, il ne s’agit pas dans notre esprit de la disparition pure et simple des symptômes mais d’une meilleure intégration des principes fondamentaux de préservation de la vie.)
« Le concept d’homéostasie a été proposé pour la première fois par Claude Bernard, physiologiste français du XIXe siècle qui a déclaré : « La constance de l’environnement interne est la condition d’une vie indépendante. » Pour qu’un organisme puisse survivre, il doit disposer d’un certain degré de liberté par rapport à son environnement. Cette liberté lui est donnée par l’homéostasie. Le terme « homéostasie » a été trouvé par Walter Cannon en 1926 à propos de la capacité du corps à réguler la composition et le volume du sang et du liquide baignant les cellules de l’organisme, le liquide extracellulaire. Le mot homéostasie vient de deux mots grecs, homoios, semblable, et stasis, état, position. On l’emploie à présent pour désigner tous les mécanismes de régulation des fluctuations de la physiologie d’un organisme. Il a même été appliqué à la régulation de divers écosystèmes ou de l’Univers dans son ensemble.
« L’homéostasie chez les êtres vivants implique une dépense d’énergie pour conserver une position optimale dans un équilibre dynamique. Grâce à ces mécanismes, des changements des conditions extérieures ne provoquent que des variations minimes du milieu intérieur de l’organisme. Si l’équilibre est rompu et que les mécanismes homéostatiques se révèlent incapables de le rétablir, l’organisme peut tomber malade et même mourir.
« L’homéostasie est également nécessaire parce que les organismes sont le siège de nombreuses réactions chimiques (voir Métabolisme sur le site Le Cerveau à tous les niveaux) qui produisent des déchets toxiques et épuisent les réserves de réactifs indispensables. De plus, les organismes doivent garder constant leur environnement intracellulaire quels que soient les effets des changements de leur environnement externe. L’appareil circulatoire (sang, artères, veines) est d’une importance vitale pour le maintien de l’homéostasie. Il assure la fourniture de métabolites aux tissus et l’enlèvement des déchets mais intervient aussi dans la régulation de la température et du système immunitaire. La concentration des composés sanguins est sous le contrôle de plusieurs systèmes : l’appareil respiratoire (poumons) et le système nerveux régulent le taux de gaz carbonique du sang et du liquide extracellulaire, le foie et le pancréas régulent la production, la consommation et le stockage du glucose, les reins sont responsables des concentrations des ions hydrogène, sodium, potassium et phosphate dans l’organisme, et les glandes endocrines régulent les taux d’hormones dans le sang. L’hypothalamus joue un rôle clé dans l’homéostasie. Il reçoit des informations en provenance du cerveau, du système nerveux et du système endocrine. L’intégration de tous ces signaux lui permet d’assurer la thermorégulation, l’équilibre énergétique et la régulation des liquides de l’organisme. Il accomplit tout ceci en influençant le comportement (par exemple, c’est l’hypothalamus qui provoque la sensation de faim) et par les systèmes endocrines et nerveux. »
(Extrait de Le cerveau à tous les niveaux – vous trouverez ce texte sur de nombreux sites qui ne donnent pas leur source)
La valeur de la préservation de la vie
Les principes de l’homéostasie trouvent leur origine aux niveaux les plus élémentaires de la vie, au plus primaire de l’apparition de la vie. Les organismes monocellulaires cherchent à préserver leur autonomie et leur structure et c’est ce qui fonde la valeur de l’équilibre homéostasique donc de la vie et de sa préservation. Or les cellules qui composent notre corps ne sont rien d’autre que des êtres monocellulaires, agencés de manière complexe et en constante interrelation.
Cette notion de valeur si souvent mise en exergue par A. Damasio est importante quand il s’agit d’aborder les psycho-traumatismes. Car si la plupart des victimes se sentent atteintes dans l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et si leur souffrance est perçue comme une atteinte à leur dignité c’est parce que la valeur de leur vie a été blessée voire gravement lésée. Tenir compte de cette dimension est de toute première importance si l’on veut revenir au sujet comme le centre de sa propre existence.